Les (re)lectures de Gunthar

Passé l'après-midi de ce beau jour du Seigneur à papillonner d'un livre à l'autre, en ne lisant rien en entier.

Textes consultés:

Taine, cf. plus haut.
Ulysses et Ulysse, ainsi que différentes traductions de Finnegans Wake.
Lu aussi quelques chapitres d'un bel essai de Evelyne Grossman: Artaud/Joyce, le corps et le texte.
Je me réserve Tout ce qui tombent pour plus tard dans la nuit.

Je voudrais encore rendre hommage à Pansaers :

"Charmante abrutie!
Ne parle pas si haut.
Les arbres ont des yeux - là où l'on a coupé
leurs bras."

Petite fatigue qui risque fort de prendre le pas sur mes moments de lucidité. Toujours perdu quelque part du côté de chez Lacan.

Quitte à me répéter: Pansaers possède vraiment une voix très singulière.

La pièce radiophonique de Beckett est toujours en souffrance, au pied du lit, dans un fumier d'ouvrages dit de chevets.

Pas la force de vraiment lire un truc de bout en bout. Faire la papillonne plutôt, comme disait Fourier.

Et toujours Finnegans Wake - c'est sans doute ce gros livre qui m'empêche de lire. C'est Joyce en tous cas qui m'a désappris à lire. Bref.

"A l'âge des assassins, je passerai
te chatouiller aux zones érogènes."

Pansaers, toujours.

Je me suis plongé dans Vivre de Guyotat. Du coup, je suis conchiassé jusqu'au-dessus des coudes* (c'est à bras raccourcis que j'ai fondu sur le bouquin quand je l'ai vu sur l'étagère d'un libraire d'occase). C'est peut-être par Vivre qu'il faut commencer à lire Guyotat. C'est une série d'entretiens et de textes divers et variés. Drôlement bien écrit, et lisible. Bientôt, on entendra parler partout de cet auteur. Faut le laisser un peu mourir, pour qu'il atteigne un peu la postérité. C'est souvent comme ça que ça fonctionne. J'ai vu qu'il y a des thèses en cours sur lui. Il commence même à se frayer un chemin à l'école...Si ça intéresse quelqu'un, j'en dirai davantage sur ce bel auteur dans le topic que je lui ai consacré sur Un Livre.


Passé trois heures en buvant du thé à lire de très près une belle, très belle nouvelle de Henry James, "The Middle Years". James est magnifique. Une telle technique que c'en devient effrayant. Je vais me remettre a The Turn of the Screw à l'occasion. Vous qui faites des études de lettres, lisez H. James, vous y apprendrez à peu près tout.

* Ca me fait penser à un passage assez sordide dans Trainspotting, d'Irvine Welsch.

Je suis incapable d'achever ce que je commence. Ainsi, les ouvrages s'entassent, à moitié dévorés, partout au pied du lit, dessus le bureau, aux chiottes, dans la salle de bains.

Le bouquin de Braunstein sur la jouissance traîne idiot sur l'étagère.

Il y a toujours le Traité du Désespoir* qui somnole sur un petit livre de Roger Vailland, sur le bureau.

Je m'étais promis de rererelire Ulysse Gramophone de Derrida, un très bel ouvrage. Mais nada. Rien relu de JD.

C'est déprimant d'être fatigué comme ça.

Et puis il fait moche dehors.

Et froid.

Et les infos me flinguent le moral.

Et puis décidément la vie est chère.

Heureusement il y a les livres pour me tenir un peu chaud. Double épaisseur livresque partout sur les murs. Me fait penser un peu à la chambre capitonnée d'un asile.

Oui, je suis dans cette chambre capitonnée, et je rêve que le rembourrage sur les murs c'est du livre. Du livre partout du livre.

MAIS

Je me suis heurté contre ce rembourrage, le coin d'une étagère en fait, là où gisent en vrac des bouquins d'art et de philosophie. Et mon arcade saigne.
Voilà qui m'apprendra à être fou.

* Chipé dans le but de mon édification par un ami qui me veut du bien sur l'étagère d'un autre ami.**

**Les notes de bas de page, j'aime ça***.

***Oui, j'en suis fou.

L'insupportable Gunthar a écrit:

Heureusement il y a les livres pour me tenir un peu chaud. Double épaisseur livresque partout sur les murs. Me fait penser un peu à la chambre capitonnée d'un asile.

Oui, je suis dans cette chambre capitonnée, et je rêve que le rembourrage sur les murs c'est du livre. Du livre partout du livre.*

Ca me rappelle un passage de Bourlinguer** où Cendrars évoque une rencontre avec Pierre Reverdy: "Pierre Reverdy me disait que chaque fois qu'il entrait dans la salle de lecture [de la Bibliothèque Nationale], il avait une sensation d'étouffement et qu'il était pris d'une envie de faire son trou dans cet amas de livres, de s'user les ongles, les doigts, les mains jusqu'à ce qu'il ait réussi comme une taupe à force de gratter à faire une fissure, une prise d'air, à se dégager de ce capitonnage de livres, à percer les murs de la bibliothèque et à retrouver la lumière!" (p. 356, dans ma vieille édition du livre de poche:



)

J'aime Cendrars, pour l'Or (ce n'est pas seulement une marque de café), pour Moravagine et pour ses poèmes.




*Assez étrange de se citer soi-même, pas vrai? Comme si nos propres pensées ne nous appartenaient plus vraiment une fois exprimées.
** Dès que je parle de ce bouquin, je ne peux m'empêcher de penser à un ami croupier de ma connaissance. D'ailleurs, si d'aventure tu lisais ceci, sache cher ami, que c'est moi qui ai ton Kierkegaard.

C'est bien ici. On visite les entrailles de GUNTHAR.
On clique sur des liens qui nous font serpenter dans les entrailles de sa personnalité, là où les influences suintent, se confondent, s'accouplant en des motifs complexes.

Tu vas me faire rougir, Le Gritche. Mais je doute que l'on puisse jamais saisir les entrailles d'un gaillard juste en reluquant sa bibliothèque. Certes, il y a un côté Quichotte chez cette masse affabulatoire nommée Gunthar.

Cependant, il ne faut pas oublier qu'il y a un coeur qui bat,

que dis-je? un camembert!

un Coeur de Lion qui dans ce vaillant poitrail palpite.

Dernières (re)lectures marquantes: La nuit remue, et Joyce il va de soi. Le reste a été fade à côté.

Pas mal voyagé dans la Pléiade Bataille ces derniers temps, sans pour autant lire vraiment. Juste feuilleté, en fait, mais feuilleté longtemps. Je n'aime pas lire dans les volumes de la Pléiade, qui sont écrits trop petit à mon goût.

J'oubliais. Je me suis plongé dans "The Waste Land" Hénorme poème de T.S. Eliot.

J'ai commencé la belle biographie de Lucia Joyce par Carol Loeb Schloss: To Dance in the Wake. C'est vraiment pas mal. C'a le mérite de réabiliter la pauvre Lucia, de la rendre humaine.

Commencé aussi Un homme qui dort, de Perec. Ouvrage au pathos fulgurant.

Commencé Les Carnets du Sous-sol, Dostoïevski.

Commencé Les Gommes de Robbe-Grillet.

Continué mon voyage dans la Pléiade Bataille.

Décortiqué des fragments du Wake traduits par Sollers et Stephen Heath (une nuit entière passée dans la perplexité).

Lu La Nuit avant les forêts, de Koltès. Monologue coup-de-poing.

Lu un peu de San Antonio.

Lu quelques nouvelles de Tchékov.

Lu une belle nouvelle de Hemingway : "A clean, well lighted place"

etc. etc.

Lu Othello, d'un certain William Shakespeare - auteur anglais du dix-septième siècle. Shakespeare est aussi l'auteur de MacBeth, de Hamlet, de The Tempest et de Twelfth Night. Il est très doué je trouve.

Franchement, je vous le conseille à tous.

L'insupportable GUNTHAR a écrit:

Lu Othello, d'un certain William Shakespeare - auteur anglais du dix-septième siècle.

Ca me dit rien mais je vais voir ça

L'insupportable GUNTHAR a écrit:

Lu Othello, d'un certain William Shakespeare - auteur anglais du dix-septième siècle. Shakespeare est aussi l'auteur de MacBeth, de Hamlet, de The Tempest et de Twelfth Night. Il est très doué je trouve.

Franchement, je vous le conseille à tous.

Ca me rappelle ma 3è année de licence on avait étudié MacBeth ; faudrait quand-même que j'essaie d'en lire un en français parce que là y a toujours ce côté "scolaire" pas terrible

Je te conseille les traductions de Bonnefoy. Ou alors celles que l'on trouve dans l'édition complète de Shakespeare parue chez Bouquins, qui par ailleurs a le mérite d'être bilingue.

Ah ok ouais ce serait encore mieux en bilingue ! (histoire de ne pas perdre la main ).

Merci !!

Shakespeare dans la collection Bouquins, c'est pas donné hélas. Bonne idée de cadeau pour Noël cependant.

J'ai commencé L'ordre du discours du célébrissime Michel Foucault. J'aime beaucoup.

Un peu relu Eden, Eden, Eden aussi.

Sinon, j'avance bien dans la bio de Lucia Joyce, par Carol Loeb Schloss : To Dance in the Wake.

Je pense aussi déterrer un Sac de Billes de Joseph Joffo. Un beau livre que j'ai lu, enfant.

L'insupportable GUNTHAR a écrit:

Je pense aussi déterrer un Sac de Billes de Joseph Joffo. Un beau livre que j'ai lu, enfant.

On nous l'avait fait lire à l'école primaire, j'avais beaucoup aimé. J'aimerais bien le relire moi-aussi, bonne idée!

Sheerys a écrit:

L'insupportable GUNTHAR a écrit:

Je pense aussi déterrer un Sac de Billes de Joseph Joffo. Un beau livre que j'ai lu, enfant.

On nous l'avait fait lire à l'école primaire, j'avais beaucoup aimé. J'aimerais bien le relire moi-aussi, bonne idée!

a moi aussi on me la fait lire mais franchement c'etais déja le 3éme livre de l'année sur la 2ème guerre mondiale alors je ne l'ai pas aprécier du tout

moi je l'ai lu par moi même, il n'était pas au programme a priori et j'ai beaucoup aimé, même si mes souvenirs en sont maintenant très vagues ... oui, une relecture sera nécéssaire

Posté le: Mer 2 Nov à 0:22

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Je suis à la recherche d'un ouvrage introuvable, ça s'appelle Le jour où l'espace a coupé le temps. Ca date de 1995, c'est d'un certain Alain Manier, c'est de la psycho pure et dure, mais je ne trouve pas, ou alors mes fournisseurs classiques (Bibliothèques municipales et universitaires, Amazon, La Fnac, etc.) ne me garantissent pas de le trouver. Comment faire pour dénicher un bouquin réputé introuvable? Quelqu'un a-t-il des pistes?

Bonjour Gunthar,

Si ta demande est toujours d'actualité, tu dois pouvoir trouver ton bonheur à la librairie CANO, 17 rue Kerjaouen 29200 Brest. Tu peux commander par courrier, en réservant au préalable par téléphone au 02 98 43 23 60. Je ne saurais trop te conseiller de te hâter, parce qu'il n'y a qu'un seul exemplaire par référence dans cette librairie spécialisée dans l'occasion, le plus rare parfois. Le livre ne figure pas pour l'heure dans les réservés, ce qui signifierait qu'il est toujours disponible (pour info à 15 euros + 5 euros de frais de port). Tu as également la possibilité de passer par le site Abebooks.fr, si préfères payer par carte... Tu peux même te présenter sur place, à condition de prévenir avant. Je pense avoir été complet. Voilà.
Et pour ceux qui sont en quête d'ouvrges introuvables ailleurs, Abebooks est une mine.

Merci mille fois. Je viens de commander ce Manier, qui me sera bien précieux. J'avoue que j'avais presque oublié que je m'étais dit qu'il fallait que je le déniche...

Pour en revenir à mes lectures, j'ai fini L'ordre du discours , je persévère dans l'ouvrage de Braunstein, la bio de Lucia est en stand by quant à elle, Un homme qui dort, que je lis lentement, que je savoure, c'est que du bonheur - et finalement, on se fait bien à ce "pathos" (vide supra) - j'ai rererelu Borges (son conte, Le Livre de sable), ainsi que Richard II, j'ai un peu farfouillé dans Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres de cette vieille fripouille de Diogène Laërce, à la recherche d'un truc sur le "renversement du sens" je suis tombé en arrêt pour la millième fois devant Artaud, j'ai épluché Laissez tomber la fille de San Antonio, lacaniennement (sic) obsédé par son usage du verbe "jouir", et j'ai trouvé quelque chose de tout à fait fascinant, quelque chose que peut-être je subodore chez Dostoievski, du moins chez son traducteur le plus en vogue en ce moment, André Markowicz, je me suis plongé dans René Daumal, pour me rassurer, pour me dire : Non Gunthar n'est pas fou, j'ai entamé Malaise dans la civilisation, en PDF, sur mon PC donc, ça m'use ce qui me reste d'yeux, pas grand-chose,il faudrait d'ailleurs que je m'en inquiète, bref, j'ai beaucoup papillonné ces derniers temps.

[imbuvable post, pas vrai? j'avoue que je ne suis pas en forme, fatigué, usé par ce je ne sais quoi nommé, bien à tort sans doute, réel.]

Encore une fois merci à toi, Beren. J'ai vraiment trouvé des trucs biens grâce à ce Abebooks, et en plus à des prix défiant toute concurrence. Dernier coup de coeur : Souvenirs de James Joyce, par P. Soupault. Un ouvrage que je cherche depuis bien longtemps, mais que j'ai toujours trouvé trop cher.



Bon ben, au pieu les ptits vieux, il est l'heure pour moi.

Tout le plaisir est pour moi. Vraiment, ça me fait plaisir... et de te voir en profiter si bien, si vite. Parce que, c'est une caverne d'Ali Baba, le Abebooks, hein ! heureux que tu t'y sentes déjà comme chez toi
J'y ai pour ma part déniché le tome quatre d'Hygiène des lettres "Poètes ou faiseurs ?" d'Etiemble. Je ne vais pas le laisser me filer sous le nez, cédé qui plus est pour peanuts quand on songe à la rareté de la chose. Je trépigne par avance de pouvoir plonger tête la première dans ces ravissements d'érudition dont le vieux sage grammairien est coutumier, et me délecter de l'esprit délicieusement vétilleux, obsessivement hétérodoxe, touchant l'inter-relation/influence entre littératures, que je sais être sa marque.
Allez, bonne nuit.
Au dodo, moi aussi...

Nom d'un chien en mousse! Les Souvenirs de Soupault sont en fait pas disponibles (Abebooks m'a envoyé un mail désolé). Tristesse.


Heureux de constater qu'il y a encore des lecteurs d'Etiemble, et pas seulement pour son ouvrage sur Rimbe. Un jour je m'y mettrai un peu plus assidûment à tous ces vieux scrogneugneux (Taine, pour aller encore plus à rebours, m'a fait un bien fou déjà dans le genre argutique (sic))


J'ai passé ma matinée dans les oeuvres complètes de Bataille, pour essayer de remonter la piste de l'abject. Je suis tombé en arrêt sur nombre d'articles fascinants, dont "Le silence de Molloy". Demain je me jette dans les bras de Kristeva, pour confirmer mes intuitions sur "L'expulsé" de Beckett (que je viens de rerererelire en parallèle avec Bartleby). Il y a toujours The Waste Land, blotti in the womb of mah mind. April is the cruellest month et tout le tralala. Oed' und leer das Meer. Madame Sosostris famous clairvoyante. That corpse you planted last year in your garden, has it begun to sprout? Will it bloom this year? et coetera. Sinon, cher Beren, j'ai vu que tu as laissé traîner une grande hache, et par conséquent je te demande: que penses-tu d'Un homme qui dort?

Il me faut un Doliprane, ou une guillotine, ce mal de crâne est des plus pénibles.