Portrait de l'Artiste en Jeune Homme' - James Joyce

Grâce à toi Gunthar, j'ai l'ai sorti de son étagère poussiéreuse, celui-là... Merci !

Dans ce livre - beaucoup + court qu'Ulysse, pour ceux qui voudraient s'y mettre - James Joyce romance, à sa façon très particulière, son enfance, son adolescence et le début de ses années étudiantes. Il 'explique' le mécanisme, le glissement du jeune homme à 'l'artiste' / l'écrivain.

Déjà, toutes les techniques d'écriture de Joyce sont présentes, mais de façon moins aiguëes que dans Ulysse, la façon non linéaire d'aborder le récit, les idées qui s'enchaînent comme elles le feraient dans notre esprit sans lien apparent (sans vouloir faire pédant, en anglais on appelle ça le 'stream of consciousness' / courant de conscience - en français j'avoue mon ignorance peut-être 'l'écriture automatique?' Gunthar, à l'aide!!), les changements de narrateurs, de point de vue....tout ce qui a fait le style inimitable de Joyce, mais ici à petites doses.

Les préoccupations de Joyce sont là aussi : le catholicisme qui pèse sur son adolescence irlandaise, la pauvreté, pour ne pas dire la déchéance dans laquelle plonge sa famille, son initiation à la littérature et aux idées, sa définition de l’art. Il y a quelques longueurs (sermons du prêtre sur le péché et l'enfer, discussions philos entre étudiants) mais ce n'est pas à lire d'une traite....

(Pas écriture automatique, non. On peut dire, à la limite, "monologue intérieur" ou traduire à la sauvage, en disant, "courant de conscience", mais pas écriture automatique, même si l'effet "random" du monologue intérieur peut être assez proche quelquefois de la fameuse méthode surréaliste. Voilà pour la petite scolie.)

Oui, Portrait, définitivement un beau livre. Et puis je vois que tu as l'édition préfacée par Aubert, qui est très bonne. Portrait est Assurément plus accessible que Ulysses, et nécessaire qui plus est à toute lecture du gros-livre-prétendu-illisible.

Si l'effet "courant de conscience" te plait, essaie par exemple The Sound and the Fury, par Faulkner. Ou alors des romans de Virginia Woolf (Mrs Dalloway par exemple, qui est très connu) que je connais - alas! - infiniment moins bien.

Ouiiii ! Faulkner, un de mes auteurs préférés..... Bien que je n'ai pas tout lu. Pour moi, c'est vraiment un grand. Mais je ne l'ai jamais encore associé au 'courant de conscience' ? Même dans le bruit et la fureur, je trouve que c'est encore quelque chose différent.

Je n'ai malheureusement pas l'édition que tu mentionnes (pour le portrait de l'artiste) et dont j'ai mis la couverture, j'ai lu une vieille édition Penguin et l'intro n'était pas terrible. Je lirai l'intro à la bibli si je le trouve.

Quand à Virgina Woolf est sur ma liste et mes étagères depuis longtemps mais je n'est pas encore pris le temps ou eu l'envie.

A mon humble avis, le monologue de Benjy, au début de the Sound and the Fury fait très stream of consciousness. (Mais j'avoue ne pas être un spécialiste de Faulkner - et puis, je suis bien embêté pour donner une définition précise du "courant", c'est sans doute un peu selon chaque auteur.) Benjy et ses fameux "cris" (cries) à mi-chemin entre les larmes et le cri pur, primaire, bestial, primordial. Benjy, benjy, benjy.

C'est vrai que ça y ressemble beaucoup, mais pour moi, Faulkner essayait là, avec succès, de nous faire appréhender le monde à travers la conscience d'un homme / enfant simple d'esprit - un monde tout entier fait de chocs violents, d'impressions violentes ou douces, un chaos d'images, de sons et d'émotions, ou rien ne fait vraiment sens, que du ressenti quoi... je trouve que c'est un peu différent de la démarche de Joyce qui essaye de suivre le fil de la pensée (celle de Stephen Dedalus dans le Portrait). C'est sans doute pour ça que je n'ai jamais associé les deux oeuvres.

Le prochain de Faulkner qui m'attend sur mon étagère c'est Absalom, Absalom ! Tu l'as lu ?

Tiens, Absalom traîne quelque part chez moi... Je vais m'y mettre peut-être. Mais là, j'ai une pile de bouquins haute comme ça qui m'attend. Faulkner, c'est une de mes lacunes maintenant que j'y pense. J'avais attaqué Lumières d'aout, sur les conseils d'un ami, en français, mais j'ai arrêté vite fait, trop déçu de n'avoir pas le Sud de Faulkner au creux de l'oreille.

J'aime bien la façon dont tu décris le monologue intérieur selon Faulkner. Il y a aussi de ça chez Joyce, mais c'est moins efficace, moins brut. Joyce, je trouve, sonne souvent assez faux, artificiel - comparé à un Faulkner par exemple. Et pourtant j'aime beaucoup Joyce. Souvent, la vérité est dans l'artifice (pardonne ce paradoxe un peu ridicule, mais j'y crois dur comme fer).

Je me souviens de ma première rencontre avec Bill Faulkner... Ce fut un choc. J'étais en première, et j'ai attaqué Les Larrons. Je relirai ce livre un jour, mais dans l'original. Les Larrons
, ce fut une de mes premières rencontres avec un livre à la fois dur (du fait de la réalité décrite) et difficile (du fait de l'écriture même de Faulkner).

Allons retrouver Absalom.