Nichka a écrit: [J'ai un receuil de poème de jim morrisson mais je veux bien que tu m'en parle car je ne suis pas sure d'avoir percé le mystère de ces textes habités !]
Moi non plus je ne prétends pas avoir percé le mystère Morrison. Je pense par contre avoir lu tous ses poèmes, du moins ceux que j'ai pu trouver dans le commerce, en France et ailleurs. 10/18 font du bon boulot en nous proposant la totalité des textes de Morrison en bilingue. Il y a d'ailleurs chez 10/18, la belle biographie de Morrison :
Personne ne sortira d'ici vivant. Et puis il faut voir le film d'Oliver Stone, qui est assez bien fichu, bien qu'il tende à mythifier l'ami Jim. Et bien sûr il faut écouter ses textes mis en musique de "The End" à "LA Woman". Une fois qu'on a fait tout ça on est bêtement fan. On ne jure plus que par Mister Mojo Risin'. C'est alors qu'on se retrouve au Père-Lachaise, section six, en train d'essayer de boire du whiskey au nez et à la barbe du gros flic qui monte la garde à côté de la tombe de Morrison. Une fois qu'on s'est fait tirer l'oreille par ce représentant de l'ordre, on traîne dans Paris, Boul'Mich' etc. avec l'air vaguement poète, et puis on va rue de Beautreillis, voir où il a vécu le Jim, là où on l'a trouvé mort. On est jeune à ce moment-là. C'est souvent l'âge où l'on s'amourache de la poésie de Rimbaud, comme ça, sans comprendre; l'âge aussi où l'on lit Nietzsche (Morrison oblige...).
Mais quant à comprendre Morrison... J'aime beaucoup le volume
Wilderness, publié en 10/18.
C'est celui que je relis le plus volontiers. Incroyable foutoir de textes inégaux, tous géniaux
forcément, parce que c'est du djimorrison. Non franchement, il y a du très bon, du fulgurant même. Mais je doute que si ce n'avait pas été Morrison, ces textes auraient trouvé un public. A part
Seigneurs et Nouvelles Créatures, tous ses textes semblent des espèces de premiers jets, des cris pas trop travaillés. Ses chansons quant à elles ont été travaillées par la musique même : elles sont vraiment magiques.
Cette fascination quasi macabre qu'on a à écouter le premier album des Doors et à enchaîner sur
LA Woman, l'album-testament... La voix du Roi Lézard semble avoir traversé des éons de bourbon et des millénaires de bière*. Que s'est-il passé
entre? Je crois que cet écart, ce grand-écart vocal, qui consiste à glisser du rock psychédélique au blues le plus gras, mérite qu'on s'y arrête. Que s'est-il passé? Allez, je lâche du lest, de sorte à ce que la mongolfière des poncifs disparaisse dans l'azur galvaudé des poètes : sex, drug & ouack enne rolle, la sacro-sainte vision du poète voyou/voyant, les paradis artificiels, Huxley,
Doors of perception et puis William Blake bien sûr**. Mais une fois qu'on a dit tout ça, on a pas fait avancer le schmilbick. Et c'est tout le problème: Morrison c'est à la fois du mythe et de la poésie. Comme Rimbaud, comme Baudelaire, mais surtout comme Marylin Manson.
Un autre cliché, auquel j'adhère: Manson et Morrison, deux clowns américains qui se sacrifient sur l'autel du star system.
A natural leader, a poet,
a Shaman, w/ the soul
of a clown.
écrit Morrison
Comme le souligne Manzarek dans une interview, Shaman, ça ressemble à Showman.
*Moralité, chers enfants, pour devenir poètes, ennivrez-vous, c'est ce que disait Baudelaire déjà dans ses Petits poèmes en prose.** If the doors of perception were cleansed every thing would appear to man as it is : Infinite., in The Marriage of Heaven and Hell.
Ven 11 Nov - 15:41:36
