J'essuie mes pieds avant d'entrer...

Cela fait un moment que je traine bien égoïstement mes pénates dans le coin, entrainé par ma chérie déjà présente parmi vous (Tinuviel, que j'embrasse), et un message sympa reçu d'une modératrice, Caroline pour ne pas la nommer, appelait à vaincre ma timidité. Je vais donc avoir le plaisir d' écouter de plus près vos commentaires et analyses, partager vos coups de coeur ou déceptions littéraires. Comme j'ai quelques préventions à parler de moi, je me suis dit qu'il fallait que je délègue le soin de me présenter un peu à celui qui me connait certainement le mieux : le livre.
Bon, c'est quand tu veux :

- Dis, laisse-moi le temps d'arriver ! Par quoi veux-tu que je commence ? Il y a des découvertes qui guérissent de cent ans de solitude. J'exagère à peine, tu avais déjà quatre ans. Tu ne t'en souviens peut-être plus, mais...
- Pourquoi tu t'adresses à moi ? C'est à eux, là, qu'il faut parler.
- C'est à toi que je veux m'adresser, ne commence pas à me contrarier, tu dois toujours me contrarier, c'est plus fort que toi. Si tu me coupes tout le temps, il me faudra une vie. A quatre ans, donc, tu ne t'en souviens peut-être plus, mais déjà tu sentais que l'essentiel te manquait. J'ai toujours eu le sentiment que c'est mon entrée dans la suite morne de tes jours...
- Morne, morne, comme tu y vas ! A quoi voulais-tu que ressemble mon existence, à quatre ans ?
- Elle aurait été morne très longtemps, en tout cas, sans mon intervention, est-ce faux ?
- Euh... je ne peux pas dire. Enfin, non, pas vraiment faux...
- A la bonne heure ! Ainsi, c'est mon arrivée qui t'a convaincu de l'enchantement que ce peut être, le monde, quand il est lu. Pardonne-moi si j'ai l'air de me donner un rôle avantageux.
- A peine, mais poursuis.
- Tu sais comme nous sommes, nous autres, les livres. On ne nous changera pas.
- Je n'ai pas l'intention de te changer contre quoi que ce soit.
- Qu'est-ce qui te prend de me dire sans prévenir une chose aussi gentille. Mince, c'est que ça me fiche la larme à l'oeil, tes bêtises...
- Allez, continue, mon vieil ami.
- Ami ? J'y reviendrai d'ailleurs, à ça. C'est que ce n'est pas peu de choses. Je disais donc que tu avais quatre ans quand nous avons été présentés. Tu m'as posé maladroitement sur tes genoux, texte à l'envers, et je te voyais écarquiller les yeux de surprise à ces inscriptions mystérieuses que tu voulais à toute force déchiffrer. Même le livre revenu à l'endroit, tu t'es rendu compte que ce n'était toujours pas une mince affaire. Contrairement à ceux de cet âge qui ont la manie de se servir de moi en guise de promontoire pour mieux atteindre les pots de confiture ou de nutella, d'humecter mes pages avec leur doigts à peine sortis de la bouche, tu as pris de moi un soin inhabituel. Tu m'emportais jusque dans ton lit, où chapitres inachevés s'assoupissaient à tes côtés. Depuis ce jour, nous ne somme plus quittés. Une histoire du livre, mon histoire, c'est, pour faire écho à ce que tu me disais, un éloge de l'amitié. Depuis lors, tu as emprunté à Foucault son pendule et son perroquet à Flaubert, veillé les belles endormies, flâné du côté du pays où l'on n'arrive jamais, maudit les Rois, éprouver l'insoutenable légèreté de l'être ou écouté les confessions d'un masque, même retrouver le temps après avoir revécu 1984. Loufoque et pathétique, cynique et engoncée dans ses médiocités, charmeuse et tendre, rêveuse et exaltée, c'est la comédie humaine qui s'est installée entre les quatre murs de ta chambre. Je t'ai demandé de ne pas te défier de moi. Tu as cru comme tout le monde, à une période de ta vie, qu'il y a opposition entre l'acte de lire, de se perdre dans le labyrinthe des mots - wortds, words, words - et l'expérience de la "vraie" vie. Par bonheur, Proust, Borges, Joyce ne m''ont pas été d'une maigre aide pour te guérir de ces superstitions. Les grands écrivains sont les plus grands interprètes de la vie, et pour échapper à la folie des vivants, c'est au vivant que toujours il faut revenir. Tu n'as même plus hésité à t'immerger dans l'océan des contes et légendes. Juché sur les épaules de Sindbad, tu as fait rouler entre tes doigts les miettes abandonnées sur le chemin par le petit poucet, dévalé comme un diable des arbres géants, compté les mille et une nuits pour t'endormir, arraché les verrues à la sorcière de Blanche-Neige en lui fourrant le trognon de sa pomme au fond de la gorge (belle éducation au sadisme, que les contes...), brandi ton épée face aux sorcières et aux dragons... Il s'en fallut de peu que tu ne te convertisses en chevalier du subjonctif, c'est dire. Tu te repaissais de ces histoires à dormir debout, et c'est allongé, les yeux ouverts, moi dans ta main, que tu mesurais que l'étendue immense de ce que tu ignores ne constitue pas une menace.
- Dis, tu parles comme un livre.
- Avoue quand même que ce serait un comble si ce n'était pas le cas.
- J'avoue aussi que tu as provoqué bien des colères.
- Je ne l'oublie pas. Que de fois t'ai-je entendu te plaindre de ma logorrhée : "mais qu'allais-je faire dans cette galère", te désoler que de plus en plus manque cette exigence de l'artiste maître de ses moyens, et du lecteur qui sait que le bonheur se gagne, de ce qui fait que je ne suis ni un bien de consommation comme les autres, ni l'endimanché de service que l'on sort précautionneusement, le doigt sur la couture, d'un musée Grévins. Je t'ai entendu vitupérer, à la suite de ce Manguel que tu apprécies tant, contre des marchands qui appliquent aujourd'hui à mon univers les recettes mercantiles en usage dans le commerce des saucisses. Mais tu me reviens toujours. Que je donne la nausée ou que j'aide à croire à la promesse de l'aube, que j'offre aux âmes grises une heure d'évasion ou que je me révèle l'arrache-coeur, l'attrape-coeurs qui ressuscite angoisses et inquiétudes depuis la nuit des temps au coeur de chaque homme - toute lune est atroce et tout soleil amer - que j'ajoute à la confusion des sentiments ou que je fige sur le visage l'insouciant sourire du môme à qui rien n'importe plus que de quadriller sa cour d'école avec un sac de billes, mes divagations t'enivrent comme ces alcools capiteux brûlés toute une saison en Enfer dont on raconte qu'ils rendent ivres même les bâteaux. Parce que pas plus qu'avec l'amour on ne badine avec cette sorte de relation, j'accompagnerai jusqu'au point final de ta vie songes éthyliques et trajectoires oniriques. Tu ne sais que trop comme les liaisons que nous entretenons sont dangereuses, tant il est vrai qu'il y a des livres sur lesquels, aurait pu dire un Cioran, on ne peut se pencher sans perdre son innocence. Mais, avoir la vie devant soi, la vie sans mode d'emploi, et ne pas me préférer à tout, hors l'amour (encore qu'il s'agisse ici finalement autant d'amour que d'amitié), c'est misère que de se lever le matin. Alors, viens, mon vieil ami, allons essuyer la larme qui coula sur la joue d'Ulysse de retour au pay natal, ou effeuiller quelques fleurs du mal sous un grand meaulnes.
- Et si on n'en trouve pas, il restera toujours l'ombre des jeunes filles en fleurs.
- Mon vieil ami, je n'aurais pas mieux dit. Et je te laisse, pour une fois, le dernier mot.

tu as bien fait de vaincre ta timidité, bienvenu parmi nous

A voir la longeur du texte, je confirme qu'il s'agit du chéri de Tinúviel
Ne m'en veux pas, mais je lirai ta présentation en plusieurs fois!
Ah et pui, bienvenue

Bienvenue et bravo pour cette belle 'présentation !'

PS: Faut pas faire attention au Gritche, en fait il est jalou!

bienvenue !!!!!

joli texte, présentation originale, bravo

bienvenu

Merci pour cette présentation superbe et originale, c'est vraiment agréable à lire

Et puis, quand-même, bienvenue sur le forum !!

merci pour cette belle présentation
et bienvenu

Merci de tout coeur pour cet accueil chaleureux, et ravi de vous avoir été agréable.

P.S. au Gritche : aucun souci, tu peux lire mon gros machin en plusieurs fois. A bien y penser, je me demande moi aussi en me relisant comment j'ai fait pour ne pas m'y reprendre en plusieurs fois

P.P.S. Dingue, c'est idiot de dire ça, je sais, mais ça me fait bizarre de voir un P.S. aussi disproportionné par rapport au message principal.

P.P.P.S. Et moi, gros malin, j'ajoute par-dessus un P.P.S tssssssss

P.P.P.P.S. Bon, et puis quand même, une attention toute particulière, de bon matin, à celle, par moi chérie entre toutes à la surface de cette terre (et à la surface de tous les mondes, d'ailleurs, pourquoi être mesquin ! ) qui, comme moi, use parfois des longs posts comme d'autres des bains d'algues : parce que c'est bon pour la santé : ça ne peut mettre que d'excellente humeur de passer du temps où l'on se sent bien, et plus encore peut-être de voir la réaction si chaleureuse (cf début de post) qui s'ensuit.

Bienvenue, les nouvelles arrivées montrent qu'un site est vivant.

Voici donc un message qui me fait sortir de la grotte où je m'étais réfugiée il y a quelques jours, voir peut-être même semaines (le temps passe si vite!). En effet, comment lire ta présentation et ne pas m'arrêter un instant ? Au moins pour te dire tout le plaisir que j'ai eu de te retrouver (enfin! lol) ici... Comme dirait Squirrel, tu as bien fait de vaincre ta timidité !
Je crois qu'on peut dire merci à Caroline, qui sur ce coup là a eu plus d'influence que moi !
Bon, tu le sais déjà, mais je tenais quand même à te le redire ici : merci pour ton très joli texte (je ne rajoute pas les autres adjectifs,lol).

Quant à ça :

Citation :

P.P.P.P.S. Bon, et puis quand même, une attention toute particulière, de bon matin, à celle, par moi chérie entre toutes à la surface de cette terre (et à la surface de tous les mondes, d'ailleurs, pourquoi être mesquin ! )

Tu sais que tu es également celui que je chéris entre tous à la surface de cette terre (et à la surface de tous les mondes d'ailleurs, tu as raison, ne soyons pas mesquins ! )...

Il ne me reste donc plus qu'à te souhaiter la bienvenue sur ce forum !



PS : Le Gritche, je crois que tu as trouvé pire (ou mieux,lol) que moi en ce qui concerne la longueur des messages !

Bienvenue!!

Waouw!! Superbe présentation!!!


A bientôt!!

Bienvenue...bon ok ok je n'ai pas encore eu le courage de lire ta présentation dans son integralité!! mea culpa!!!

Ca fait chaud au coeur de lire ça, Valérie. Merci vraiment à toi aussi. Vous êtes vraiment tous bien sympas. Pour ma chérie, je susurerai mes remerciements en privé
Sinon, gerard, je ne t'en veux pas une seconde, mais moi, ta réponse, je l'ai lue dans son intégralité... alors quoi, c'est plus court ? gniagniagnia pas une raison... Tu t'arrangeras avec le Gritche pour que vous vous partagiez ma présentation : une moitié chacun, ça va plus vite
je taquine... et puis je sais que ce n'est pas toujours très agréable de lire un texte sur écran ; t'as dit l'essentiel, merci pour ton accueil.

Et puis, qu'est-ce que je fais à errer encore là, moi ? Je devais dodoter... allez oups, sous la couette.

Ca y est, j'ai lu ta présentation!
On dirait une invitation joyeuse et explosive à la lecture, enfin, j'aime beaucoup

Quand aux P.S d'un de tes messages, j'ai tout de suite pensé à la lettre de Gandalf, et je ne dois aps être le seul

Merci encore le Gritche, je crois que c'est le meilleur compliment qu'on puisse me faire. Invitation explosive à la lecture, tout un programme ! D'ailleurs, puisque ma présentation tient un peu de l'exercice de style, ce serait un jeu, pour ceux qui veulent s'y prêter, de retrouver les références littéraires que j'y ai glissées ? Hein ?
Ma chérie est dispensée de répondre, je lui ai déjà tout révélé de vive voix, pas de triche lol
Sinon, tu as raison pour la lettre de Gandalf, celle remise à Frodon, avec P.S à répétition. Bravo pour le coup d'oeil. Tiens, j'y pense, et c'est dire à quel point nos lectures nous pousuivent, s'abouchent à notre inconscient (Ahah cette expression ), j'écrivais sur les coups de 2h du mat' "qu'est-ce que je fais à errer encore là, moi ?"...
La figure tutélaire de Gandalf n'était pas bien loin, j'ai cru l'entendre murmurer : "Tous ceux qui errent ne sont pas perdus".

tu es en quelle année d'étude ?

Citation :

Quand aux P.S d'un de tes messages, j'ai tout de suite pensé à la lettre de Gandalf, et je ne dois aps être le seul

Je n'y avais même pas pensé !

Citation :

Ma chérie est dispensée de répondre, je lui ai déjà tout révélé de vive voix, pas de triche lol

Pfff, c'est pas juste ! Je veux jouer, je veux jouer ! lol