Chloë Rayban, Dans la peau d'un garçon

Le jour où Justine accompagne son meilleur ami au Salon de la Réalité Virtuelle, elle en ressort transformée... pour de bon, car un bug informatique la dédouble en garçon ! D'abord horrifiée, Justine réalise vite les avantages de sa situation : elle va pouvoir infiltrer le monde des garçons incognito et - enfin ! - comprendre les méandres de la psyché masculine. Mais lorsqu'elle se retrouve face à son double féminin, les choses deviennent un peu trop compliquées..

Il y aurait un tome 1 racontant une autre histoire, rien de grave.
Une fille dans la peau d'un garçon, le sujet qu'on ne trouve que dans les livres pour ados, et qui mériterait un traitement bien plus soutenu.

[analyse qui spoile]
Justine entre véritablement dans la peau du garçon virtuel qu'elle a créé, et vit cette nouvelle expérience en conservant sa "mentalité de fille" du début à la fin. Les guillemets c'est parce que Justine est décrite comme le cliché de la fille "shoping/maquillage/garçons" . Une fois en garçon et hébergée chez son meilleur ami (elle parle toujours au féminin), qui l'aime, elle va quand même s'habituer à faire des taches physique (dont les filles sont épargnés) et à se découvrir un gout pour l'épargne, elle qui dépense des sommes folles pour ses chaussures. Et alors les implications sont énormes: être un homme prédisposerait-il à être doué pour la mécanique et les chiffres ? Ou le nouveau corps de Justine enseignerait-il un savoir atavique à son esprit ? Je plaisante.

Justine ne fait jamais mention du changement d'organe sexuel qu'elle subit, et des différences que ça induit, comme si son corps était bien virtuel alors qu'il est tout à fait tangible (l'auteur, qui a employé une fois le mot "partouze" aurait pu se permettre d'aborder la sexualité concrète, avec toute la subtilité nécessaire). On a donc le sentiment pendant un temps qu'elle est en territoire ennemi, celui des garçons et de leur vie finalement ingrate et pleine de responsabilités encombrantes ; elle les plains pour cela.

Notre Justine beau-gosse continue de s'intéresser de son amoureux Alex avant de s'apercevoir que c'est un vantard qui se "dégonfle" dans tous les sens du terme. Elle a toutefois des pensées très cruelles pour Chuck, son meilleur ami qui l'héberge, dont elle est sur de ne jamais tomber amoureuse même refait à 100% au scalpel.

Coup de théâtre, la Justine féminine existe toujours et vit chez ses parents: elle croit tomber amoureuse de l'autre, la masculine. On peut s'attendre à un jeux de miroirs ou chacune devine ce que va faire l'autre jusqu'à ce que leur relation soit si complice que la vérité éclaterait. En fait, la Justine mec est entre-temps devenue une altérité, capable de juger la première: c'est à la fois intéressant et décevant, vu que lien qui les unit n'est plus vraiment définissable. La mec ne sait plus trop prédire les actes de la J-fille, et a peur d'elle et de lui avouer la vérité.

Eh bien elle ne le fait pas. C'est ma déception du livre. Le dernier tiers tire en longueur et on est guère satisfait, même pour un livre d'ados. Finalement, la J-mec poussera la J-fille dans une machine équivalente et les deux moitiés refusionneront, et ça se termine sur le cri horrifié de Justine.

Une histoire rafraichissante moi je trouve, mais où les filles ne sont présentées sous leur meilleur jour surtout l'héroïne Justine. L'auteur a-t-elle cru coller à la réalité en la chargeant de tels stéréotypés ? Les mecs sont abordés avec plus de justesse. Je suis toujours à la recherche de livres qui confrontent mars et venus avec légèreté et parcours initiatique à la clef.