Lolita de Vladimir Nabokov

Le livre au parfum de scandale.



Bon bien sûr avec les années le scandale est un peu émoussé.

Je ne l'avais jamais lu tout en en ayant beaucoup entendu parler. Pour moi c'était un livre qui avait fait scandale dans les années 50 (1950) parce que racontant la liaison d'un homme de 40 ans et d'une pré-ado. En me basant sur la définition du mot "Lolita" je voyais même la jeune fille comme une mineure loin d'être innocente voire même manipulatrice. C'était pour moi un livre très "chaud" voire pornographique.

Comme quoi, il faut toujours lire un livre avant d'en parler :

Lolita c'est la confession d'un pédophile, d'un pervers (il se définit lui-même ainsi) qui avant de passer en jugement met par écrit l'histoire de sa vie avec Lolita.

Humbert Humbert (puisque tel est le pseudo qu'il s'est choisi) européen émigré au Etats-Unis cherche un logement. Il visite celui de Mme Haze veuve de 40 ans et accepte de le louer uniquement parce que cette dernière a une fille Dolorès 12 ans presque 13 au début du roman.

Humbert est attiré par les jeunes filles de 11 à 15 ans. Pas avant, plus après. Au début il assouvit ses désirs sans toucher à leurs objets. Mais à cause d'une coup du destin il se retrouve seul tuteur de Lolita et se lance avec elle dans un road-movie effréné et sexuel.

Lolita la premiere fois accepte les avances de Humbert par curiosité (elle est loin d'être une ado innocente et veut même montrer à Humbert comment on s'y prend) mais les ébats amoureux avec son tuteur ne lui plaisent pas plus que ça et ne pouvant lui échapper elle se retrouve obligée de subir ses désirs pendant 2 ans que dure leur fuite à travers les Etats-Unis. Comme nous n'avons que la version de Humbert, la souffrance de la petite fille est fortement minimisée. Mais de temps en temps elle transparaît et ces passages là sont terribles !

Ce livre a été interdit, il a choqué et pourtant il n'y a aucune scènes explites (tout est suggéré). Par contre ce sont des confessions sans jugement moral sur le coupable. Nous sommes dans les pensées d'un pervers sans aucun recul.

C'est un homme égocentrique, qui méprise les femmes. Il sombre petit à petit dans la folie succombant à son désir pervers.

C'est écrit dans une langue magnifique (bravo au traducteur, nouvelle version) et je pense que c'est cela qui est vraiment choquant. D'apparence, Humbert est loin d'être un monstre. C'est un bel homme, européen (en Amérique c'est une marque de fabrique), érudit et rien ne permet de deviner sa perversion. La beauté de l'écriture renforce cette impression de beauté glacée. On se sent coupable d'apprécier l'oeuvre d'art alors que le sujet est immoral.

De plus ce roman parle d'un sujet tabou : le désir de certains hommes pour les enfants. J'imagine qu'l est plus facile de le rejeter et de l'interdire que d'accepter cette triste réalité : certains hommes aiment les petites filles et en plus ca peut être notre voisin, notre collègue, notre père ou notre mari...

C'est un livre qui parle de la folie ordinaire sans que l'auteur donne la possibilité de juger ( sans rien dévoiler puisqu'on le sait dès le début : Humbert va mourir avant son procès).

J'ai cherché dans le dico ce que voulait dire "nymphette" un mot qui existait déjà mais que Nabokov a légèrement détourné (et dont il revendique la paternité).
Il y a 2 significations qui a mon avis définissent parfaitement l'ambiguïté du livre et le malaise que l'on ressent à sa lecture :

1ère définition : La nymphette est une jeune fille prépubère faussement ingénue et innocente.

2ème définition : la nymphette est une jeune fille prépubère que le regard des hommes transforme en objet sexuel.
Nous sommes bien là au coeur du problème que peut poser ce livre.

Oscar Wilde a dis : "Il n'y a pas d'oeuvre morale ou immorale ; il n'y a que des livres bien ou mal écrits"
Lolita est un livre bien écrit.[img][/img]

Alors là, le hasard des lectures franchement !

J'ai enchainé avec Pastiches et postiches de Umberto Eco. Dans ce livre il parodie de grandes oeuvres littéraires et entre autre... Lolita.
Sauf que ça s'appelle Nonita (en italien : petite grand-mère) et que les rôles sont inversés : un ado qui enlève et fantasme sur une grand-mère. Très drôle et en plus parfaitement fait : c'est un faux digne des plus grands copistes, on retrouve parfaitement le style de Nabokov.

Ca a l'air très intéressant

Mais je me demande: un homme de 40 qui aime des filles de 12 ans est un pervers...(c'est à dire quelqu'un qui faudrait soigner pour le guérir de...quoi au fait ?)

Pourtant, on considère qu'un vieux de 80 ans qui aime les femmes de 20 ans n'est qu'un chaud lapin, non ?

Bien sur, si le type du livre séquestre une fille et abuse (à moitié ou complètement) d'elle, c'est un criminel. Mais si c'est une attirance seulement de l'ordre du fantasme, est-ce grave ?

J'aimerai connaître les travaux de spécialistes sur la question.

Les tabous sur ces questions me stressent: j'ai l'impression de ressentir la pression d'une société qui veut réjenter les fantasmes, du moins en surface, et qui se contredit à tout va.

Mais ça fait "just" 12 ans, quand même. Mais si vous me dites que c'est une lolita... (je fais celui qui n'a rien compris )

Je vais mettre ce livre sur la liste de mes prochaines lectures car il fait partie de ses livres dont tout le monde en parle comme s'il l'avait lu ... donc comme tu dis il faut le lire pour donner son avis.
Au sujet du message du Gritche c'est pas la différence d'âge qui pose problème, mais le fait qu'il s'agisse d'une prépubère qui n'a ni le corps ni l'esprit prêt pour une expérience sexuelle avec domination du partenaire. Deux ados qui découvrent leur corps et la sexualité ensemble il n'y a pas perversité de l'esprit. enfin c'est comme ça que je le vois... Une nenette de 20 ans peut refuser ou accepter en sachant les conséquences de ses actes... il me semble !

Tu dois avoir raison, mais aussi les filles pourraient ne pas être moins naïves et ne pas se faire des contes de fées quand ce qu'elle s'pprêtent à vivre est dégoutant...

Et quand je vois comment les gamines de 15 ans se fringuent, je ne peux qu'être d'accord avec Le Gritche. Mais bon, je dois être un type déphasé par rapport à notre époque qui se prend pour Lestat...

La dernière fois que je suis allée acheter des livres je l'ai vu. Vu comme vous en parlez il serait peut-être intéressant de le mettre dans ma liste ................ quoi que ce n'est pas glauque quand même ?

Glauque non. A aucun moment, c'est même ce qui est dérangeant parce qu'on se laisse prendre par la beauté du texte et qu'on en oublie le sujet...
Ce n'est pas glauque mais il y a forcémment des passages génants.

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