Voilà.. excusez-moi d'envyer ce texte comme ça.. d'habitude, j'envoie les textes un par un, petit à eptit, je réponds à ceux des autres etc...
Mais c'est pour un concours qui a lieu bientôt, j'aurai besoin de vos avis.. merci! :D
Le thème du cocnours est : "Doubles-sens, et sens cachés"
La Vie
Tous fringants, bien équipés, attendent son arrivée. Tous s’y sont plus ou moins préparés, tous ont des bagages, parfois volumineux, tous se savent prêts, tous se croient prêts. Pourquoi, après tout, passer la mi à s’y faire ? Préférant en profiter, et jouir d’une courte éternité, je ne crois pas devoir planifier la façon d’y rester. J’y viens donc sans rien, démuni, en pauvre ère, libre de tout engagement.
Nous y entrons tous ensemble, convoi branlant et cloches sonnantes. Les plus démuni et les plus libres soutiennent les autres, écrasés par le poids du travail. Pourquoi chercher à y rester, si l’on ne peut en profiter ?
L’arrivée est rapide, la foule est en liesse. Le bouquet tendu, les larmes aux coins des yeux, la dame d’honneur pleurant, Elle admire le spectacle joyeux de toutes ces âmes en peine.
La Vie commence à peine, déjà songent à Son départ.
Certains cherchent les amis, d’autres la boisson. Tous se veulent de célébrer dignement le triste évènement. La musique endiablée, le ballet de la vie. Les âmes dansent, les cœurs chantent, et les fruits divins se laissent croquer, peu à peu…
Des draps se nouent, des masques tombent. Les boutons se décrochent, et les soucis donnent de la voix. Joyeuse farandole ponctuée par le vol de migrants vers la mort, de migrants vers la vie, d’oiseaux pour Elle, d’oiseaux de tous.
On s’en approche, Elle nous raconte. La Vie s’en va, elle en est triste. Les arbres se sont fermés, Nature déchirée, nature exploitée. Là où Elle est, l’homme se hait, seuls les cieux accordent clémence. La place est payante, l’humeur est changeante.
La nuit tombe et nous chantons encore un hymne en Son honneur. La Vie s’étire, est parfois morne. Certains se sentent l’envie de s’isoler, de parler au ciel mélancolique, attristé sur le souvenir de son passé. Certains se cachent, se sentent l’irrépressible envie de courir la galerie, ne trouvant repos qu’entre ombre et musique. La discrétion est hélas de mise, car là-haut gît un être malheureux, qui s’Y était préparé, et qui, pour Y rester, sacrifie, se sacrifie. Pour Elle et pour elle, pour celle qui leur doit tout. Pour la Sienne.
La solitude disparaît aux rythmes des doigts, à la descente des marches, au menton sur l’épaule et l’oreille contre la joue. La Vie nous joues ses entrechats, ses airs mélodieux et tristes, ses airs gais et doux…
Un demi verre seulement. A moitié plein, à moitié vide, à moitié…
Vient le moment fatidique, celui des embrassades. Celui de la sortie et de la vue des étoiles. Elle me dit adieu, triste tristounette, jusqu’à belle lurette, Elle le croit, Elle le sait. Elle doute un peu, mais juste assez.
Le blanc attelage mortel arrive, il vient me chercher. Grand corbillard de nacre, navire salutaire.
Rien n’arrête la vie, pas même la mort. Son bras protecteur m’attire vers Elle, ses paroles me défendent, m’emplissent de joie et de désespoir. Elle me sauve et me ramène.
Un.
La musique de la Vie continue, je l’écoute, je ne l’entends pas.
Deux.
Les doigts battent la mesure, les genoux frappent en rythme.
Trois.
Je dois cesser, on me le dit. Pour que Vie perdure, pour que fête continue.
Menton contre épaule.
Menton contre épaule.
Les couples se forment, se déforment et se reforment, au gré des humeurs. La Vie danse, la Vie dort, les lèvres s’étreignent, le bonheur passe de main en main, le synthétique tourne, vide de sens, vide du reste.
Les lèvres s’étreignent.
La Vie danse.
La Vie dort.
Je veux me plonger dans un long, douloureux et agréable sommeil. Le ciel m’a entendu, le néant s’empare de moi. Des images fugitives. Fantômes du passé, spectres oubliés. Des sons, des couleurs. Mon menton contre Son épaule. La Vie est grande, la vie est belle.
Le monde est laid, mais la Vie est belle…
Je sombre, je souffre… je suis heureux.
Noir.
Noir…
La joie près de moi me ramène à la vie. J’étouffe, je suffoque. Je viens parler au ciel, le réconforter. Un symbole n’est vérité. Ce qu’il a été n’est plus rien.
Ce qu’il est.
Trois fous feux follets me sourient allègrement, m’invitent à croquer de la soif, que n’épanchent leurs débits de paroles.
La Vie les quitte. Je la suis.
Je m’en remets à la chaleur, aux rires. La vie, les rires.
La vie bouge, la nuit s’agite, je me déplace.
Le néant me prend, main dans la main avec son ennemie.
Le corbillard repassera, hélas… heureusement.
Il repassera, je m’en fiche…
Main dans la main…